Danse d'adieu

Coucou,
ceci est normalement le début d'une histoire, néanmoins j'ai décidé de le publier séparément. Le titre provient d'une remarque d'une de mes lectrices. Le sujet est cliché, j'en conviens tout à fait.
Bonne lecture de ce cours petit extrait !

***

Tu me manques. J'ai longtemps réfléchi à la manière dont je devais te l'avouer… J'avais prévu des métaphores, des périphrases, des détours alambiqués, mais devant toi, je n'ai pas pu me taire. Trois petits mots auxquels j'ajoute des points imaginaires. Tu. Intonation descendante. Me. Entre deux souffles. Manques… Fin de la phrase, rideau.

Cela me coûte dans mon orgueil. Cependant, entre tout garder pour moi et perdre la face, j'ai préféré souffrir un peu plutôt que des mois. C'est un choix que j'assume. D'un autre côté, pouvais-je faire autrement ? Je ne voulais absolument pas que tu partes loin de moi. Tu l'as fait, comme le con que tu es. Ne fais pas semblant… tu le vois bien que ton attitude n'est plus celle d'avant. Peut-être suis-je la seule à m'en rendre compte, néanmoins. Peut-être serais-tu resté si j'avais su prononcer les mots que mes doutes et ma raison avaient faits taire… Le temps n'est plus au passé dans tous les cas. Tu as changé. Moi pas.

Que me reste-t-il aujourd'hui de notre histoire ? Du néant, des souvenirs auxquels je suis attachée comme une imbécile. Je te retourne la question : que te reste-t-il de nous ? Y penses-tu quelquefois ? Ton sourire crispé me renseigne merveilleusement mieux que tous les mots du monde. Nos promesses, perdues, elles aussi ? Certes, j'y ai failli, mais tu aurais dû te douter que tu m'étais infiniment supérieur et que je n'étais pas à la hauteur.

« -Ta gueule ! »

Soit. Je l'ai cherché. Tes mots ont traversé la fente de tes lèvres sans que tu ne puisses les maîtriser, et dès ce moment-là, je savais que c'était terminé. C'était écrit sur ton visage, dans ton insulte, dans le son de ta voix. Je n'ai rien dit, je n'avais pas peur. Je t'ai juste répondu « tu es ivre » comme une évidence, et tu as eu ce petit sourire qui n'appartient qu'à toi « Peut-être mais je pense ce que je vais te dire. J'ai plus envie de toi. » Tu ne m'as pas tué, sur le coup, mais tu m'as fait un mal de chien en y repensant. Une douleur qui s'imprégnait dans mon cœur, telle une drogue violente. Pas dans ma tête. Là-haut, le froid m'avait pénétré avec une certaine puissance « Cela vaut mieux pour tout le monde » ai-je acquiescé, et cette fois tu n'as su que rétorquer. Tu t'attendais sûrement à ce que je hurle, je ne t'ai pas fait ce plaisir. J'avais envie de te faire du mal, je ne savais pas comment m'y prendre. Je me suis vengée en accomplissant tout ce que tu n'aurais jamais pu imaginer dans tes rêves les plus fous. J'ai pris mes affaires, je les ai rangés précautionneusement dans ma valise, sous tes yeux ébahis. Je ne t'ai posé aucune question. Entre toi et moi, j'avais choisi mon bonheur. Me faire souffrir devant ton regard narquois m'aurait assassiné à coups de hache. Devant moi, sois indifférent, moqueur, complaisant. Je n'en ai que faire. Puisque les mots n'ont pas assez puissants pour te retenir. Certes c'est moi qui pars. Mais c'est du pareil au même, tu es parti avant moi. J'aurais voulu que tu me gardes dans tes bras, que tu me fasses l'amour comme la dernière fois. Tu n'auras pas ce plaisir-là, je ne te supplierais pas. C'est notre dernière chanson, notre dernier Requiem. Je me souviens à ce moment de ce que tu m'avais murmuré dans le coin de l'oreille : « Si tu me dis Carpe Diem, mon ange, je te répondrais Requiem ». C'était con en y repensant, et c'est fou comme je ne l'avais pas comprise. Notre histoire aurait un point final, tu me l'avais avoué entre les lignes.

Je le mets, et je pars. Les tickets dans la poche, qui me sont inutiles désormais. Devant ce bus qui part au loin, je tire une taffe, la dernière de la journée. Celle que je te destinais. Je me dis qu'un jour peut-être, je penserais à toi en écrasant le mégot.

J'aime beaucoup, en particulier le premier paragraphe que je trouve très bien écrit. J'aime bien ta façon de décrire le tout, cette scène, et l'image finale rend vraiment très avec ton texte. =D

Ouah j'adore. « Si tu me dis Carpe Diem, mon ange, je te répondrais Requiem »: Est-ce de toi ou une citation? En tout cas cette phrase que je trouve très belle s'inscrit naturellement dans ton texte et lui donne une dimension poétique alors qu'il est très réaliste. Oui, je crois que ce que j'ai beaucoup apprécié dans ton texte c'est cette "poétisation" des sentiments plongé dans un univers réaliste avec des réaction terre à terre du genre "tu es ivre". Comme quoi le lyrisme n'a pas besoin d'un contexte exceptionnelle ou idyllique pour exister. Bravo.