Un petit texte juste pour le plaisir ^^Sous le Saule Pleureur
Toutes les nuits, elle sortait discrètement de sa demeure. Elle préparait un paquet de feuilles avec quelques crayons dans son sac avant de quitter sa chambre par la fenêtre toujours entre-ouverte. Elle prenait soin de ne faire aucun bruit pour ne pas réveiller la maison endormie. Avec son petit sac rouge et ses outils de travail, elle se rendait dans les bois en face de chez elle. Elle empruntait toujours le même chemin : elle marchait sur un petit sentier le long de la rivière puis elle pénétrait dans les bois pour retrouver son petit coin de tranquillité.
Sous le grand saule pleureur, elle passait des heures à écrire à l’homme qu’elle aimait. Une fois sa prose terminée, elle se penchait sur la rivière pour y déposer un petit radeau, fabriqué de ses mains menues, sur lequel sa prose était solidement attachée. Elle poussa de ses doigts fins le petit radeau pour navigue vers son bien-aimé.
Elle continua ce petit rituel durant plusieurs années jusqu’au jour où elle fit la connaissance d’un charmant marin. A partir de cette magnifique rencontre, ses nuits à écrire sous le saule pleureur se firent de plus en plus rare.
Un an après leur rencontre, elle se maria avec le beau marin qui l’aimait sans relâche. Celui-ci fit promettre à son épouse de ne jamais retourner au bord de la rivière car un terrible malheur l’y attendait.
Elle ne s’y rendit plus durant quelques années. Mais les souvenirs de son adolescence refirent surface et avec aux son amour d’autrefois. Elle fut prise de regrets à l’idée que son bien-aimée attende dans l’au-delà sa prose promise quelques années plus tôt. Elle repensa à la promesse qu’elle avait faite à son amant, un beau jour de printemps, sous le grand saule pleureur.
«- Lorsque je mourrais, promets-moi de m’écrire tous les jours, lui avait-il dit.
- Pourquoi me parles-tu de ta mort ? Nous sommes encore jeunes…
- Promets-moi que peu importe ce qui arrivera, tu m’écriras tous les jours.
- Je te le promets… »
Suite à ce souvenir, elle décida de retourner prés de la rivière pour continuer à honorer sa belle promesse. Que pouvait-il lui arriver près de la rivière ? Elle s’y rendait depuis plusieurs années et il ne lui était jamais rien arrivé.
Sous le saule pleureur, elle se mit à écrire la plus belle et la plus longue des proses. Une fois celle-ci terminée, elle construit un petit radeau où elle attacha sa belle prose comme elle le faisait autrefois. Elle se pencha sur la rivière. Malheureusement, la rivière avait baissé et elle dû se pencher un peu plus. Elle perdit l’équilibre et tomba dans la rivière profonde et glaciale d’automne. La malheureuse se noya dans cette rivière qu’elle pensait sans danger.
Son mari, le jeune marin, la retrouva sans vie au bord de la rivière où il avait lui-même était retrouvé quelques années auparavant. Il souffrait d’amnésie partielle. Il fut accueilli par une famille charmante où il vécu jusqu’à ce qu’il rencontre cette jeune femme qu’il pensait connaitre depuis toujours. Lui aussi se rendait tous les soirs prés de cette rivière pensant retrouver quelques souvenirs. Tout ce qu’il trouva fut de jolies proses. Il les garda précieusement avec lui.
Soudain tout lui revint : le saule pleureur, la rivière… elle, sa bien-aimée, sa promesse…
Tous les soirs, le beau marin vint écrire à sa bien-aimée perdue. Il répondit à chacune de ses proses, espérant que sa bien-aimée les lirait à son tour.